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Gabon : vers une réduction drastique des partis politiques avec un seuil fixé à 9 000 adhérents

Le gouvernement gabonais a adopté, lors du conseil des ministres du 4 juin 2025, un projet de loi ambitieux visant à réformer en profondeur le cadre juridique des partis politiques. Porté par le ministère de la Réforme et des Relations avec les Institutions, ce texte s’inscrit dans le prolongement des recommandations issues du Dialogue National Inclusif. Ce dernier avait souligné l’urgence de rationaliser un paysage politique jugé trop fragmenté et de renforcer les exigences encadrant la création des partis.

Fruit d’un processus de concertation entre acteurs politiques et administration, le projet de loi entend réorganiser les règles relatives à la naissance, au fonctionnement et au financement des formations politiques. Parmi les mesures phares, figure l’introduction d’un seuil minimal de 9 000 adhérents répartis équitablement dans les neuf provinces du pays. Cette disposition vise à garantir une représentativité territoriale effective et à éviter la prolifération de partis sans réel ancrage national.

Autre avancée notable : l’instauration d’une obligation de participation électorale. Désormais, tout parti politique qui s’abstiendra de présenter des candidats à deux scrutins consécutifs perdra son statut légal. L’objectif est clair : ne plus tolérer les entités politiques de façade, inactives sur le terrain, mais pourtant toujours enregistrées dans les fichiers officiels. Cette exigence s’inscrit dans une volonté de responsabiliser les formations politiques et de renforcer la vitalité démocratique.

En matière de transparence financière, le projet de loi introduit également des garde-fous. La tenue d’une comptabilité régulière devient obligatoire, sous le contrôle de la Cour des comptes. Ce mécanisme vise à assurer un meilleur suivi de l’utilisation des fonds publics et privés par les partis, et à lutter contre d’éventuels abus ou détournements. Le texte consacre par ailleurs l’accès équitable aux médias publics et prévoit que seuls les partis jugés représentatifs pourront être consultés par le président de la République.

Enfin, des dispositions transitoires sont prévues pour permettre une adaptation progressive au nouveau cadre légal. Les partis existants disposeront d’un délai de six mois pour se mettre en conformité. Passé ce délai, ils s’exposent à des sanctions pouvant aller de la suspension à la radiation définitive en cas de manquement. À travers cette réforme, le gouvernement affirme sa volonté de renforcer le pluralisme tout en instaurant plus de rigueur dans l’organisation politique du pays.

Si cette réforme marque une volonté louable de clarification et de structuration du champ politique, certains observateurs s’interrogent toutefois sur le risque d’une restriction excessive de la pluralité. Le seuil de 9 000 adhérents, bien qu’ambitieux, pourrait défavoriser les partis émergents ou d’opposition, surtout dans un contexte où les moyens de mobilisation sont inégalement répartis. La réussite de cette réforme dépendra donc de sa mise en œuvre équitable et de la garantie d’un véritable espace démocratique pour toutes les voix politiques.

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